versant forestier à Lustin (Profondeville), le 03 novembre 2020
Jusqu’où va-t-on accepter d’aller (trop loin) pour raisons sanitaires ?
Changeons un peu, point question de santé humaine ici (quoique, indirectement, tout de même …) mais bien de la santé de nos forêts. Le scolyte, encore lui, continue de frapper de-ci de-là les peuplements épars et encore indemnes jusqu’ici. Voilà un petit insecte bien modeste capable de remettre en cause les choix sylvicoles opérés depuis plus de cinquante ans. Rien de bien exceptionnel jusque-là, c’est l’ensemble de la forêt wallonne qui subit les affres de ce ré-équilibrage écologique. Un événement qui était prévisible de longue date lorsque l’on considère ces surfaces immenses de monocultures résineuses comme terrains de jeu favori d’un insecte strictement lié à un arbre : l’épicéa commun.
Cette fois, c’est un versant forestier de la vallée mosane qui est concerné. Y poussaient jusqu’ici, l’épicéa commun bien sûr mais également du sapin de douglas et quelques feuillus disséminés au sein d’un peuplement dont le relief très accentué expliquait le peu de gestion. Une forêt mélangée, plutôt jeune et assez compacte. Ici comme ailleurs, le remède au scolyte est sans appel. On met à blanc et on girobroye, en coupant 100 % des arbres, avec disparition complète, du jour au lendemain, du couvert forestier. Une surface d’environ 9 hectares en plein versant, c’est pas banal ! Le code forestier limite pourtant à 3 ha (feuillus) ou 5 ha (résineux) la surface des mises à blanc tout en laissant la porte ouverte aux dérogations … Versant ou pas, le scolyte aura vite fait permis d’ouvrir cette porte dérogatoire.
On peut s’inquiéter du bouleversement total de cet espace forestier avec des conséquences à de multiples égards : vie du sol, avifaune, etc. Mais le danger est-il réel ? Une mise à blanc de cette taille dans un versant est d’abord une griffe paysagère de plus dont la Meuse se serait bien passée. A court terme, c’est aussi un risque important d’érosion et de lessivage de nitrates, en zone amont de l’usine de Tailfer qui potabilise l’eau de la Meuse … Il faudra donc scruter les fortes pluies de cet hiver.
A plus long terme, il semble que le projet soit de replanter majoritairement du hêtre et du sapin de Douglas. Au train où vont les choses, les jeunes plantations seront sans doute protégées par des clôtures pour les préserver de la dent du gibier. On repart donc sur des peuplements équiennes avec un objectif de production essentiellement alors que la régénération naturelle serait certainement la meilleure option dans un versant forestier comme celui-là où l’on ne devrait plus forcément s’obstiner à uniquement produire du bois. Pour la naturalité de la forêt, il faudra donc repasser d’ici … 100 ans qui sait ? N’oublions pas que le rythme de la forêt n’est pas celui d’une culture de betteraves. Les choix actuels devraient tenir davantage compte des défis futurs…
Laissons s’épanouir la chênaie-charmaie de la vallée mosane pourvoyeuse de bois et de nourriture pour le gibier, accueillante pour l’avifaune et la flore forestière, riche d’un paysage unique, etc.
Oui ç est scandaleux pour nos futurs générations.
Érosion et autres problèmes sont malheureusement à prévoir.
Et si ç est privé et que dérogation il y a eu, est-ce pour l’habitat ???
Bien triste paysage en tout cas !
Salut Michel,
bien d’accord avec toi. Et au niveau DNF, il n’y a pas des gens éclairés ?
Bonjour Didier,
On est en forêt privée et j’ai l’impression que le DNF a validé la coupe (dérogation pour dépassement de la surface de mise à blanc).