Planter des haies, c’est bien, c’est même utile, vital, indispensable, urgent et aujourd’hui c’est même prioritaire : enfin ! Va-t-on arriver aux 4.000 km annoncés pour 2024 alors que l’on en est à un peu plus de 300 km aujourd’hui ? Je l’espère vraiment ! Mon propos n’est pas de faire l’oiseau de mauvaise augure, l’objectif est trop important et il est d’ailleurs largement atteignable si les acteurs du plan opérationnel haies lancé par la Wallonie en ce début avril se retroussent les manches (lire le communiqué de presse du Gouvernement wallon d’avril 2021 à ce sujet ici). L’urgence est bien celle-là : agir avec sincérité et dans l’objectif partagé de recréer ce maillage écologique tellement vital et déficitaire en Wallonie aujourd’hui. Donc, plantons avec vigueur mais n’oublions pas le maillage existant pour autant.
Car oui, la question de la protection des haies, arbres isolés et autres alignements d’arbres répartis dans la campagne, au bord des routes et des sentiers, le long des fossés ou encore des cours d’eau est un enjeu au moins aussi crucial que la plantation mise à l’honneur aujourd’hui.
Et comme une obligation bien ordonnée commence par soi-même, je pense que la Wallonie et l’ensemble de ses services doivent montrer l’exemple. Bien plus encore, ils doivent être les premiers acteurs de la protection active de ce patrimoine naturel fait de feuilles, de tiges et de branches, des massifs buissonnants qui sont les derniers repères des espèces sauvages. Des oiseaux de moins en moins communs tels le merle noir, la grive musicienne, l’accenteur mouchet ou encore le rouge-gorge familier y élisent très facilement domicile.
De ce côté, il y a encore du boulot. Sans chercher, je veux pointer ici deux dérives importantes intervenues tout récemment le long d’une même route régionale, à quelques kilomètres d’intervalle. Il s’agit de la N951 reliant Wépion à Morville via Ermeton-s-Biert. Dans le premier cas, il s’agit d’un « simple entretien » réalisé j’imagine à hauteur réglementaire. Sauf qu’à la place d’un entretien, on assiste ici à une véritable destruction, même involontaire. Le matériel utilisé ne semble manifestement pas adapté avec pour conséquence l’arrachement d’écorces qui mettent à mal la reprise de ce massif ligneux stabilisant les berges d’un cours d’eau presqu’invisible au bord de cette route.
Le deuxième site est un massif d’épineux d’un peu moins de 100 mètres de longueur, du prunellier principalement. Alors qu’une première intervention raisonnable avait eu lieu l’an dernier, cette fois, « on » a semble-t-il décidé de faire table rase de ce massif. Trop proche, trop dense, trop envahissant, trop naturel ? En tout cas, là, il est calmé pour quelques années … On a pratiquement tout rasé au ras du sol …
Je me questionne sur la pertinence de ces interventions. La sécurité des usagers, bien sûr, ne se discute pas. Mais cette sécurité ne permet pas tout. Un prunellier qui pousse à deux voire trois mètres de hauteur et qui est séparé de la voirie par un fossé et une distance de plusieurs mètres n’est pas un danger pour la circulation. La visibilité n’est nullement en cause ici non plus.
Je me demande surtout quel est le regard de l’agriculteur qui passe par là par hasard. Lui qui a reçu un PV pour avoir détruit quelques dizaines de mètres de haie pour faciliter sa gestion au quotidien. « Moi, on vient m’emm… pour quelques arbustes et ici on laisse faire n’importe quoi par la Région elle-même !«
On doit changer ! On doit tous changer ! Sinon, les 4.000 km ne serviront à rien. On se sera épuisé et on aura rien gagné ! Il faut donc avancer d’urgence sur les deux fronts :
Et comme la Wallonie doit être exemplaire, voici les demandes que je leur adresse formellement aujourd’hui :
Nul doute que tout ceci fera réagir, c’est bien l’objectif. On ne peut pas rester spectateur inactif de la destruction continue de nos paysages. Nous sommes des acteurs de ce paysage, chacun d’entre nous en est un. Il m’est impossible de fermer les yeux et de me taire. On est déjà tellement loin dans la banalisation et la destruction des paysages.
Je me réjouis de voir qu’il y a encore quelques routes communaules. bordées d’arbres qui ploient sous la neige ou qui cassent sous le vent. Des débris de branches jonchent la chaussée.. C’est le cas du chemin du beau vallon que je prends souvent. Haro sur les travaux en cours sur la RN en rive gauche de la Meuse entre Annevoie et Anhee. On coupe les gros bois mais on hache les cèpees bien au delà des talus.
Tu as raison Alain, la recherche du propre et net reste encore la vision qui domine très largement. Je suis partisan de réagir auprès des gestionnaires le plus souvent possible. Il faut montrer que les attentes sont autres.